Lors de son discours le 1er janvier 1960,  le président Ahidjo avait défini le projet Cameroun : ‘’le laboratoire de l’unité africaine’’.  Parce qu’il concentre presque ou toute la diversité et la complexité du continent africain, notre pays est un embryon du projet continental. Nous sommes donc condamnés à le réussir. Car, notre échec signifierait, en quelque sorte, l’impossibilité des Etats Unis d’Afrique tant rêvés. Le tribalisme ou la haine du voisin, du frère, fondée sur son appartenance tribale devient, face à un tel enjeu, un fléau à combattre avec la dernière énergie.

L’élection camerounaise qui vient de se dérouler a mis à nu le danger qui pend sur nos têtes. A ce jour, au moins trois candidats à celle-ci ont clamé leur victoire, réelle ou supposée. Mais le régime en place et des intellectuels à sa solde ne tirent à boulets rouges que contre un seul : le Pr Kamto.

Outre qu’il s’agit là d’une preuve indirecte que le candidat du MRC est le Président élu, ce qui effraie reste le sentiment qui motive cette contestation : la Bamiphobie, devenue, au fil des ans, non plus la peur mais la haine du Bamileke.  La côte d’alerte n’est pas atteinte : elle est franchie. Il est plus qu’urgent de nous ressaisir.  Notre Président élu est Bamileke. Comme l’est le Chairman Ni John Fru Ndi, dont la belle victoire en 1992 n’est plus un secret d’Etat.

Nous sommes tous Bamileke, parce que nous avons tous en nous quelque chose de Bamileke, de Kousseri à Ambam et de Yokadouma à Akwaya.

Le terme Bamileke, nous le savons, est une création coloniale. Il ne renvoit à aucune réalité ethnolinguistique singulière. Lorsqu’il est d’expression anglaise, de Bafut, par exemple, l’originaire des hauts plateaux de l’ouest du Cameroun devient ‘’Grafi’’ ; de Dschang, il est qualifié ‘’Bamileke’’. L’origine du mot apparaît, de ce fait, facile à situer, dans le temps. Le Bafia du Mbam a un ancêtre commun avec le Baganté : Bofia et Ganté étant les deux frères qui donnèrent naissance à ces deux peuples. Il en est de même du ressortissant du Noun, le Bamoun.

Comme le racisme, le tribalisme est le produit de l’ignorance voire de la bêtise humaine. Comme le racisme, il doit être condamné par la loi. Sévèrement.

Si en 1992, le vainqueur de l’élection, le Bamileke Ni John Fru Ndi, premier chef d’Etat démocratiquement élu de notre jeune Etat, avait présidé aux destinées de sa patrie, si la volonté du sage peuple camerounais avait été respectée, nous ne serions pas aujourd’hui confrontée à une demande de sécession de certains de nos frères d’outre-Moungo. C’était il y a 28 ans. Piétiner une seconde cette volonté, la voix du peuple étant la voix de Dieu, comme dit l’adage, serait souhaiter que 56 annnées après la victoire du Chairman Fru Ndi, il s’agisse de pire qu’une crise sécessionniste : la disparition du Cameroun, l’échec du projet d’unité africaine.

OGOLONG Ondimoni Ombano

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