Le retrait de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Cameroun fait l’objet de polémiques diverses. Certains parlent de complot contre le Cameroun, d’autres évoquent un sabotage en règle, d’autres encore jubilent de ce refus considérant que le pays méritait ça, au vu de l’état de ses infrastructures sportives. La controverse est devenue politique, populaire et même universitaire. Tout le monde s’y est mis et chacun est certain d’avoir raison. Il reste que le Cameroun est abandonné sur le trottoir, sans CAN. Au milieu d’autres problèmes graves qui minent le pays, la CAN paraît même dérisoire.
Toutefois, s’il s’agit d’un complot, qui avait intérêt à comploter contre ce pays et qui sont les comploteurs ? Si c’est un sabotage, à qui cela profite-t-il et qui sont les saboteurs ? Si le Cameroun méritait ce refus comme disent certains pourquoi le méritait-il et qui trouve satisfaction dans cette décision ? 
Malgré la polémique, ce qui ressort de tout ce débat sur la CAN, c’est la grande déception de nombreux Camerounais qui espéraient vivre, chez eux, la fête du football et ses retombées économiques. Sur ce plan, le pays a échoué, lamentablement échoué. C’est cela la réalité. 
Le point qui n’est pas véritablement abordé par les uns et les autres, c’est la place accordée aux footballeurs camerounais dans leur pays. Ils ont remarquablement fait connaître le Cameroun dans le monde entier et restent aujourd’hui les meilleurs ambassadeurs de la CAN et d’autres compétitions de ce type. Mais pourquoi des analphabètes du football veulent-ils à tout prix diriger le football camerounais en lieu et place des génies du football de ce pays ? Pour mémoire, qui ignore que Roger Milla et ses camarades ont fait vibrer le Cameroun et l’Afrique lors de la coupe du monde de 1982 en Espagne et montré que l’Afrique méritait respect et considération ? Le même Roger Milla et ses Camarades ont à nouveau imposé le respect en infligeant des défaites mémorables à l’Argentine du talentueux Diego Maradona, à la Roumanie et à la Colombie avant de faire trembler l’Angleterre en quart de finale en 1990 à la Coupe du monde d’Italie. Qui a fait mieux qu’eux à ce niveau ?
Dans leur pays, ils sont traités comme des étrangers, des incompétents, des bons à rien… Certains leur parlent même avec mépris et condescendance, ces héros, ces génies du football africains ! Pis, le Cameroun, illustre pays du football africain, n’a jamais cessé d’infliger à ces ambassadeurs de prestige des vexations de toutes sortes : rétentions ou confiscations ou détournements des primes de match, oublis ou réticences de régler leurs frais d’hébergement ou d’hôtel, polémiques régulières autour des maillots des lions indomptables, sans parler des voyages mal organisés entraînant la fatigue des joueurs, etc. La liste des doléances, des humiliations et des petites mesquineries est sans fin. Chaque joueur a avalé, pour l’amour de son pays, des couleuvres inqualifiables et bu jusqu’à la lie une honte interminable. A chaque fois, ça recommence et certains professionnels ont fini par se résigner à s’inquiéter, à se plaindre ou à s’étonner. « Le Cameroun c’est le Cameroun » dit-on. Avec beaucoup de dignité et d’humilité, ils ne parlent plus, ne se montrent plus, ne pleurent plus. Ils souffrent en silence. C’est à ça qu’on a réduit les génies du football camerounais. 
La dernière honte en date est ce refus de la CAN au Cameroun. Le président de la Confédération Africaine de Football (CAF), M. Ahmad Ahmad, a été vilipendé et maltraité comme un vulgaire tricheur. Il aurait été dans le complot ou au cœur du sabotage. Il en voudrait au Cameroun car certains voudraient régler des comptes avec le Cameroun, etc. C’est peut-être vrai, peut-être faux. Mais petite question : qu’a fait le Cameroun depuis 2014 pour éviter tout ça ? A-t-on, depuis le début, sollicité tous ces grands joueurs qui ont fait la fierté du pays et de l’Afrique pour qu’ils aident le pays à réussir cet événement ? L’autocritique ne ferait pas de mal aux Camerounais. Venons en une seconde: les analphabètes du football camerounais qui dirigent toujours celui-ci ont-ils eu la décence d’appeler ces héros de 1982, de 1990 et d’après, ces génies qui, eux, connaissent bien le football mondial, européen et africain et savent comment s’organise ce genre d’événement ? Le résultat aurait-il été le même si les professionnels du football camerounais avaient été les vrais chefs d’orchestre de la CAN ? Quelque soit l’ampleur du complot ou du sabotage, quelque chose a-t-elle dysfonctionné chez les Camerounais chargés d’organiser la CAN ? De la satisfaction des uns ou de l’insatisfaction des autres, une question émerge : le Cameroun s’est-il donné tous les moyens pour éviter cette ultime humiliation ? Chacun peut y répondre mais on peut penser que l’estime de soi, la fierté d’être inscrit dans les annales du football mondial et le sens de l’honneur pour les très respectables lions indomptables n’ont pas triomphé pour tuer le complot et le sabotage dans l’œuf. Plus grave, si on savait qu’il y avait risque de complot ou de sabotage, c’est dommage de n’avoir pas anticipé. Ceux qui se satisfont de cette situation ont leurs raisons, ceux qui sont mécontents et tristes ont aussi leurs raisons. Dans tous les cas, le Cameroun ne s’est pas montré à la hauteur du combat historique des lions indomptables pour la fierté de l’Afrique et je n’ose pas imaginer la colère des joueurs et des supporters. Il reste à espérer que les génies du football camerounais vont enfin le diriger et que les analphabètes du foot auront enfin la décence de s’effacer devant un tel fiasco.  

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