Samuel Eto’o fils a bien été élu démocratiquement à la tête de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Nous nous réjouissons tous de voir un ancien dieu des stades offrir ses services à son pays.
Cette élection serait-elle le signe d’une nouvelle ère politique au Cameroun ? En effet, l’élection transparente et reconnue massivement par l’heureux élu et l’autre camp ne laisse guère de doute. Et c’est à ce stade que des interrogations qui fouinent régulièrement notre subconscient nous ramènent à la réalité.
Eto’o fils a fait campagne tout comme le camp de son valeureux adversaire, Seydou Njoya. Mais si nous nous en tenions seulement aux orifices qui masquent un parcours très bien mené, il ne nous échappe pas que cette élection est bien la preuve que dans tous les pays du globe terrestre, les femmes et les hommes peuvent librement choisir ceux qui auront en charge la destinée de leurs pays
L’élection transparente de Samuel Eto’o doit être saluée comme une avancée démocratique dans notre pays. Cependant, à y regarder de près, nous pouvons nous interroger sur la légitimité de cette élection qui remet en cause le droit dans sa plus simple expression.
Pour participer ou pour voter au Cameroun, il faut être camerounais. La double nationalité n’existe pas et n’est donc point reconnue. Or, nos deux candidats à la FECAFOOT jouissent d’une double nationalité. L’un est espagnol, l’autre est français.
Dans un passé tout récent, quelques candidats aux élections nationales avaient été recalés car ils jouissent de la double nationalité. Faut-il croire qu’aujourd’hui, le droit camerounais a évolué ? Nous en doutons. Et comme c’est le cas, cette élection n’est pas légitime. Elle jette l’anathème sur toutes ces femmes et tous ces hommes qui, de près ou de loin, apportent leurs contributions à l’édifice commun : le Cameroun.
La discrimination en cours ne saurait cacher l’hypocrisie du pouvoir qui brandit régulièrement la menace de la double nationalité pour discriminer ses ressortissants. Or, nous ne pouvons l’ignorer, l’apport matériel, financier et moral de la diaspora pèse sur la sécurité et les équilibres de notre pays. Dans ce contexte, n’est-il pas temps de reconnaître ses erreurs et prendre dans ses bras toutes celles et tous ceux qui participent, de près ou de loin, au prestige de ce pays que nous aimons tous ?
L’élection de Samuel Eto’o à la tête de la FECAFOOT est accueillie comme le signe d’une nouvelle ouverture dans un pays où la parole est évolutive. Cette élection prouve, une fois de plus, que les candidats ont mené une campagne en toute liberté, dans un climat sain et serein.
Deux candidats se sont affrontés à armes égales : un bassa et un bamoun. Le spectre tribal n’a pas été agité. Le Cameroun montre-t-il un nouveau visage ? Nous ne demandons pas mieux.

Michel Lobé Etamé

Journaliste Indépendant

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