Au moment ou se préparent les obsèques du King Din Dika Akwa III, le plus méritant des Akwa attend toujours une reconnaissance universitaire ou simplement communautaire !

Ex-combattant upéciste des maquis ensanglantés de la Sanaga-Maritime, il y a 26 ans que le ‘colonel Dia Bobe’ est mort, mais personne pour lui tendre le micro du souvenir.

Le culte des Ancêtres chez les Sawa édicte pourtant:

“Rendez visite aux vôtres dans leurs dernières demeures autant que possible. Brûlez un feu pour les maintenir au chaud.

Organisez des fêtes pour eux, célébrez-les dans vos chants et danses.

Honorez-les en portant dignement leurs noms. Magnifiez leurs œuvres en contant jours et nuits leurs actes de bravoure.

Quiconque, fils de mes Pères, oublie les siens morts est aussi maudit que celui qui crache sur celle qui le porta neuf mois dans son ventre !

Vous remontez à Nyambé par une longue chaîne d’ancestralité. Quiconque la rompt, n’est ni vivant ni même mort ! C’est un inexistant ! Un non-vivant voguant telle une feuille soufflée ci et là par un moindre vent !”

Dika Akwa ou colonel « DIA. BOBE »- ‘DI’pour Dika, ‘A’ pour Akwa, ‘Bo’ pour Bona et ‘BE’ pour Mbela- son sobriquet sous maquis demeure l’un des rares Sawa et camerounais qui a honoré la mémoire de ses ancêtres et rendu sa fierté aux Akwa-Bonaku de la grande Famille Bonambela, en bâtissant le célèbre Mukanda, plus connu sous le nom de ‘château Dika Akwa’, une œuvre aux mille symboles qui font remonter l’histoire du duala jusqu’à l’Egypte.

Mais pourquoi a-t-on horreur des scientifiques et authentiques intellectuels du terroir ? Autant que Dr Fonlon, Pr Melone, Marcien Towa, Eboussi Boulaga, père Engelberg Mveng, père ELA, et les autres qui errent encore comme des âmes en peine de la science, attendant l’ossuaire qui les réhabilitera quand le Cameroun redeviendra un pays normal.

Dika Akwa demeure l’un des rares camerounais qui dans son domaine de prédilection, a laissé a l’Afrique des œuvres d’histoire qui ont fait date. De la « Bible de la Sagesse Bantu », au majestueux « Les descendants des Pharaons à travers l’Afrique » en passant, entre autres, par les trois tomes de ta thèse d’Etat portant sur le Nyambeisme, Pensées et Mode d’organisation des négro-africains. Dika Akwa devrait siéger près de Cheikh Anta Diop et d’autres illustres penseurs panafricains afro centrés dans le Panthéon ancestral des Kamites. Le prince Dika, cent-neuvième descendant d’une très vieille dynastie kamite était pluridisciplinaire, chercheur en droit, en anthropologie et en histoire.

Né le 27 janvier 1933, l’anthropologue, historien, juriste et homme politique camerounais qui a soutenu, en 1985, une thèse de doctorat d’État est décédé le 21 juillet 1995

Dès sa jeunesse estudiantine, dans les années 1950, Prince Dika Akwa va s’engager dans le combat panafricaniste, qui l’amène à côtoyer le Néo-Destour tunisien, le FLN algérien ; ou encore à militer au Cameroun au sein du Comité politique du Courant d’Union Nationale. Il rencontre également quelques grandes figures panafricanistes de l’époque, notamment Gamal Abdel Nasser, Kwame Nkrumah ou Ahmed Sékou Touré.

En 1957, pétitionnaire à la tribune des Nations-Unis à New York, il réclame l’indépendance et la réunification du Cameroun.

Au moment où se prépare la réédition de ses travaux, c’est un véritable éloge à l’émancipation épistémique des nègres aliénés par les curricula euro centristes qui règnent sur l’école et l’université africaines.

Edouard Kingue

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