Des journalistes d’investigation ont écrit au président pour réclamer que la lumière soit faite autour de la mort suspecte du ministre gaulliste en 1979. Pour eux, il s’agit d’une «liquidation […] grossièrement maquillée en suicide».

Des journalistes, ayant tous à différents moments travaillé sur la mort mystérieuse de l’ancien ministre Robert Boulin en 1979, demandent à Emmanuel Macron dans une lettre ouverte publiée le 31 octobre l’ouverture des archives des services de renseignement français concernant cette affaire. «Depuis 1979, alors que six présidents de la République se sont succédé, cette affaire empoisonne et déshonore la vie politique et civique de notre pays», écrivent les quatorze signataires de la lettre, dont la présentatrice de Cash Investigation et Envoyé Spécial, Elise Lucet et le journaliste de Radio France Benoît Collombat.

Les journalistes, dans une démarche rare au sein de la profession, dénoncent les «mystifications entourant cette affaire, les graves lacunes de l’enquête et de la procédure qui entachent les circonstances de cette disparition».

Le ministre se serait suicidé en se noyant dans un étang n’excédant pas cinquante centimètres de profondeur

Le 30 octobre 1979, le ministre du Travail de Valéry Giscard d’Estaing, Robert Boulin, était retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet (Yvelines), à l’âge de 59 ans. Cette affaire avait initialement été classée comme un suicide avant qu’une enquête ne soit ouverte à la suite d’une plainte de la famille en 1983. Cette dernière s’est conclue par un non-lieu en 1991. En 2015, la justice a décidé de rouvrir le dossier pour «enlèvement» et «assassinat».

La lettre détaille les incohérences de cette affaire, comme l’annonce de la découverte du cadavre à 2h du matin au Premier ministre Raymond Barre, alors que le corps n’a officiellement été retrouvé que vers 8h40.

«Le ministre se serait suicidé en se noyant dans un étang n’excédant pas cinquante centimètres de profondeur, sans qu’aucune analyse des poumons ne vienne le corroborer, les bocaux contenant les prélèvements opérés sur le cadavre ayant mystérieusement disparu», ajoutent encore les signataires.

Les journalistes affirment qu’il s’agit de «la liquidation d’un ministre en exercice, grossièrement maquillée en suicide».

La France s’honorerait à lever le voile sur les conditions réelles de la disparition d’un serviteur de la République

Ils s’adressent donc à Emmanuel Macron qui, en tant que chef de l’Etat, a «la possibilité, historique, de faire en sorte que les Services français ouvrent leurs archives sur cette part obscure de notre Ve République».

Ils réclament aussi qu’il fasse pression sur son homologue américain Donald Trump pour obtenir «la déclassification des éléments détenus par les Services secrets des Etats-Unis». La CIA détient en effet un dossier sur l’affaire Boulin, qu’elle n’a jamais souhaité rendre public.

«Quarante ans après la mort du gaulliste Robert Boulin, la France s’honorerait à lever le voile sur les conditions réelles de la disparition d’un serviteur de la République», concluent les signataires de la lettre.

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